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Sable au corps
de Sylvia Laîné alias Émile Noël
Avec les premières chaleurs, le cul des filles était devenu beau. Même celui de la nana de la météo qui prédisait l’orage violent pour le Sud-Est.
Mais maintenant, quelle fournaise !! Effet de serre ou pas, les médias disent canicule. La vieillerie calanche de partout, dans les usines à retraite, les hostos, à domicile. Même les arbres. Le bitume fond, la terre se fendille. Le ministre de la santé, chemise ouverte sur le bermuda, affirme qu’il a la situation bien en main. Tout va bien.
Le plus marrant : les Pompes funèbres sont les seules à s’affoler. Peuvent plus fournir, affichent des milliers de macabs que la politicaillerie réfute. Se rendent pourtant bien compte qu’elles manquent de planches.
Je coule de partout. Ça me ruisselle entre les seins, jusque dans la raie du cul. J’ai le slip trempé. Pas pour la bonne cause, hélas !
Sous les toits, avenue Fayolle à Vincennes ce n'est plus tenable. Passer au journal, boulevard Auguste Blanqui, ventilos. Pas la bagnole. Métro Corvisart. Je me traîne. Arrivée au bureau, Valentin avachi, chemise ouverte, ruisselant. entouré de cadavres de canettes. Encore des cadavres. Lui respire tout juste. La bière par ces chaleurs, tentant mais mortel. Bière mortelle, Mort Subite, décidément. Personne d'autre.
- Oukisson, je demande à Valentin.
- Chez le rèdchef
- Qui ?
- Gérard, Louis et Maguy.
- Pourquoi ?
- Chépas, il me répond.
- Et toi ?
- Liquéfié.
Pas la peine d'insister. J'allume mon micro. Il hésite. J'angoisse, des fois qu'il se mette à fondre lui aussi. Rien de bien intéressant côté courriel. Ah si, un de tante Lilith : je cherche à te joindre. Le téléphone ringue. C'est elle.
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