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EN - Gestures 2001
Formes de poésie
1 Mots ébréchés
Fêlures de mots
Je voulais vous dire
vous dire
Je voulais vous dire
même vous écrire
écrire
même écrire
Hélas …
Les mésanges
Deux mésanges bleues
Deux mésanges deux
Un couple
souple
avait élu domicile
dans la pompe du puits
Elles entraient par le bec
verseur
Elles entraient et sortaient
apprenaient aux petits
à sortir
à sortir et entrer
quand c’était temps
pour eux
Quand l’un ou l’une entrait
l’autre attendait sur le bec
La pompe était hors d’usage
depuis longtemps déjà
rouillée
Elle n’était là que pour être là
Dans la saison de leur absence
pour la faire plus belle
et plus accueillante
on a repeint la pompe
Les mésanges ne sont plus jamais revenues
À quand le coup de pied à la lune
Le Soleil est un grand seigneur
Et la Lune une grande dame
La Terre tourne comme une folle
Sur elle-même
Et autour du Soleil
Et ça ne plait pas à la Lune
Il y a toujours des mécontents
Danse
Vois, ma belle
J’ai les bras tendus
Vers la vie
Les bras
Vers l’étrange mélodie
Que le marchand de merveilleux
Siffle dans sa boutique
Vois, ma belle
J’ai les bras légers
Les bras qui flottent
Les bras
Voguant vers toi
Sur les vaisseaux du désir
Voguant
Pourquoi ne viens-tu pas t’y blottir ?
Pourquoi ?
Rumeur vagabonde
Vagabond le rythme
De toi
En moi
En tout
Guignol
Les vaches sont maigres
Polichinelle accroché au mur a pleuré
Ce soir
Deux grosses larmes de peinture à l’huile
A pleuré
Deux grosses larmes qui coulent sur son visage triste
De ses yeux sur son sourire figé
Et le long de ses deux bras sans vie
Deux grosses larmes de peinture à l’huile
Qui grossissent grossissent
Et roulent sur le sol
Et grossissent
Le caniveau déborde
La chaussée disparaît
Le flic stupéfait en perd le sifflet
Le métro a le circuit coupé
Le receveur d’autobus des temps anciens se pend à sa sonnette
Le bourgeois remonte son pantalon
Sa bourgeoise gueule
Le chrétien se signe
Le non chrétien se signe quand même à tout hasard
Le cycliste dérape
Adam avale sa pomme
Le banquier fait faillite
La vendeuse de journaux fait des réussites
Et
La Seine coule
On dit la messe
L’avocat plaide
Le Palais oublie la justice
Les vaches sont maigres
Ce soir
Polichinelle a pleuré
Le parvis de Notre Dame
Il dormait
Sur le parvis de Notre Dame
Avec ses cheveux dans ses mains
Comme un pantin qui craint le vent
Le cœur gonflé comme l’orage
Le cerveau flou comme un sourire
Il dormait très fort
Très fort et très peu d’un sommeil plein de résonances
Sur le parvis de Notre Dame
Il y avait des pleurs étranges
Il y avait des larmes d’anges qui suintaient d’entre les pierres
Il y avait des rires d’hommes qui ne savaient rien d’autre faire
Il y avait des processions qui espéraient l’amour du ciel
Il y avait des pas des plaintes des souvenirs et des empreintes
Et des linceuls et des soutanes
Il y avait de saints cantiques l’aveugle et le paralytique
Et des passants
Et puis aussi des crottes
De chiens
Mauvais temps
Le vent souffle la pluie tombe
Les gouttes font des bosses
Les discours des morts
Les squelettes grelottent
Il fait froid dehors
Il n’y aura pas de linceuls pour tout le monde
Quelques ossuaires
Quelques charniers
Quelques fosses communes aussi
Mais pas de chauffage central
Alors faire avec les moyens du bord
Ne pas se préoccuper de la retraite
Il y a d’autres urgences
Pour les linceuls prendre des numéros
Car pas question d’arrêter les discours
Certains y perdraient leur raison de vivre
Le drame
Les chômeurs qui auront eu la chance
De passer au travers des discours
Seront employés à la fabrication des linceuls
Pour les monuments funéraires on réfléchit
On envisagera ultérieurement
Après on avisera
Il y aura toujours la ressource de nouveaux discours
Cache cache
Une brume fine tchadore le silence de la forêt voilée
Les peupliers fantômes étirent leur nudité verticale
Le plus petit pétale cache un soleil éclatant
Sous le plus petit pétale se love un soleil éclatant
Qui sait ?
Sur l’aile de l’hirondelle
Sur l’aile
de l’hirondelle
j’ai mis
trois baisers
pour ma mie
qui
au delà des sept vallons de mon cœur
pleure
dans sa solitude
l’ennui de la séparation
Et l’hirondelle
caresse les boutons d’or
les bruyères
de l’aile
tant vole bas tant vole bas
l’hirondelle aux trois baisers
Comme sont lourds
trois baisers d’absent
Mais bientôt dans mes bras
le soir
elle dansera la danse
du retour
Mais bientôt dans mes bras
la nuit
elle dansera la danse
de l’amour.