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Les Libidinales
A - Non A
Préface aux deux objets
Évidemment, il peut paraître prétentieux de préfacer ce genre de proposition. Ça l’est sans doute en vérité. Alors, comme ça, on se prendrait pour Victor Hugo préfaçant Hernani ! Justement, un mot là-dessus avant de passer à ma propre préface.
Cette pièce, qui déclencha la bataille du même nom, inaugura le genre du drame romantique opposant, comme chacun sait, les traditionalistes aux modernistes en remettant en cause des bases comme la règle des trois unités (de temps, de lieu et d’action).
Après la rédaction de la préface de Cromwell en 1827, où il affirmait déjà la nécessité de briser les règles du théâtre classique, après la censure de « Marion Delorme » par Charles X, il s’attelle à un drame historique en Espagne : Hernani.
Les préfaces aux pièces théâtrales de l'époque romantique sont en général frappantes par leur longueur: elles contiennent en fait les revendications, les justifications des dramaturges, qui expliquent leurs choix esthétiques. Le théâtre romantique, avant d’être le lieu d’une représentation, est d’abord l’espace de batailles d’idées.
Ce troisième drame forcera les portes de la Comédie Française, citadelle des classiques. Le soir de la première (25 février 1830), les "Jeune-France", étudiants ou rapins comme Nerval et Gautier, mènent l'assaut contre les "perruques" et assurent le triomphe de la pièce. Cette révolution littéraire précède de peu la révolution politique de juillet, et Hugo semble le pressentir lorsqu'il écrit dans la Préface d'Hernani (mars 1830) : "Le romantisme n'est, à tout prendre, que le libéralisme en littérature."
Sans doute faut-il entendre ici « libéralisme » dans une autre acception que celle qui fait florès, en ce début de 21e siècle, dans le monde économico politique.
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