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Les elikos
Fumier d’éliko !
Carapate vite fait dans les joncs, jusqu’au genévrier rabougri, pique le salaud, et bougea pus, bougea pus. On se carapate on dit, il dit Glabre. M’emmerde le Glabre avec se, son je cause correct. Moi, je carapate. Va plus vite. Voudrais le voir avec l’éliko au cul. Moi je sais bien. C’est moi qui carapate, merde !
Fumier con d’éliko ! Rien vu.
Elle se parle à mi-voix, toute seule, tout bas, la Nira. Noire, non parce que sale, parce que noire. Elle sait se cacher dans les joncs, sous le genévrier, contre le moindre monticule, dans l’ocre roux de la sansouire inondée d’hiver, ou contre le tapis blanc des renoncules de printemps. Il faut savoir trouver des caches, non parce que noire, parce que les élikos tirent sur tout ce qui bouge dans le delta.
Il tourne dans le crépuscule.
La vac! Pas facile la planque. Tout plat. Avec l’eau salée pousse pas grand-chose. Ca fait marais des fois, des fois sables mouvants. Faire gaffe. Reusement plus vraiment jour.
On ne peut plus la distinguer maintenant. Le Glabre a averti. Depuis peu, les élikos semblent voir dans la nuit. La Nira ne comprend pas grand-chose, à cela et à tout ce que le Glabre raconte. Elle rampe jusqu’à l’étang le plus proche et là s’enfonce dans l’eau saumâtre. Et là
Bougea pus, bougea pus.
Elle revient de voir les oiseaux sur les dunes littorales, non loin du petit Rô, où les alluvions se mêlent aux bourrelets rejetés. Elle a contemplé les débris et les cadavres ramenés par les vagues, des tas, que mangent les oiseaux de mer. Elle a poussé jusqu’aux traces de la Ville-à-la-Mer et les pierres de l’église. Dessous la cave, intacte, avec les reliques et les ossements. Elle aime. Elle ne sait pas pourquoi. Elle aime. Elle sait pas. Elle aime.
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